La conférence "L'école primaire en questions: évolutions, crises et perspectives" par Jean-François Marcel, Professeur émérite, UMR Éducation, Formation, Travail, Savoirs (EFTS), Université Toulouse Jean-Jaurès, a eu lieu le mercredi 13 novembre 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
En préambule l'école sera présentée telle que la donnent à voir les chansons populaires francophones, ce qui constituera une première et assez radicale "mise en questions".
La suite du propos ciblera principalement l'école primaire. Sera d'abord retracée son évolution à partir de la caractérisation de trois périodes historiques: la structuration du système scolaire
(à partir des lois Ferry), son unification (autour du collège unique) puis le basculement que constitue la loi Jospin (1989) avec la "prise en compte du local" et l'amorce des politiques de
professionnalisation (qui incluent la question de la formation).
Sera ensuite investie la situation actuelle, marquée par les crises. Il s'agira de revenir brièvement sur la manière dont l'école a traversé la crise sanitaire du Covid et sur les questions que
soulève la crise terroriste (assassinat de Samuel Paty).
Une large part du propos portera sur la crise institutionnelle en lien avec la dérive néolibérale des politiques de professionnalisation. Deux enquêtes récentes seront mobilisées pour documenter
ce volet. La première ciblera la perte d'autonomie professionnelle et la souffrance des enseignants qu'elle génère (perte de sens, augmentation du nombre de démissions, déficit de candidatures,
etc.). Par rapport à cette situation alarmante le diagnostic unanime que posent les responsables politiques est celui de la perte d'attractivité du métier. La seconde enquête soumettra ce concept
d'attractivité à une approche critique, en privilégiant le point de vue des enseignants.
En termes de perspectives, la conférence se clôturera par l'objectivation des préoccupations que soulèvent ces constats. De manière interactive avec les participants, nous privilégierons alors
une focalisation sur l'école primaire dans l'Aude.
La conférence "En ces temps de guerre, comprendre l'Ukraine" par Georges Bringuier, Inspecteur honoraire de l’Éducation nationale, auteur d’essais et de biographies, a eu lieu le mercredi 2 octobre 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
Voilà plus de deux ans et demi qu’a débuté le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Le 24 février 2022 l’armée russe entrait en Ukraine. L’impensable était commis. Comment en est-on arrivé
là?
Mieux connaître l’Ukraine, son histoire, sa géopolitique, permet de comprendre le sens de cette terrible guerre et d’en identifier les causes. Au cours de son histoire, l’Ukraine a subi maintes
dominations, tant de la Pologne que de la Russie, mais elle n’a jamais cessé d’être une nation.
En matière d’historiographie, la difficulté tient au fait que les historiens russes, notamment du temps de l’URSS et les historiens ukrainiens, en particulier depuis trois décennies, depuis
l’indépendance, ne racontent pas tout à fait la même histoire. La version russe, qu’elle soit impériale, soviétique ou post-soviétique, est perçue comme la version historiquement vraie et la
version ukrainienne, qui s’écarte de la précédente, est discréditée et présentée comme «nationaliste». Le récit historique ukrainien dérange le récit historique russe, ce à quoi le président
Poutine veut remédier. Deux évènements, Maïdan 1 en 2004 et Maïdan 2 en 2014, sont des marqueurs de l’histoire contemporaine avec une alternance de gouvernements pro-européens et de gouvernements
pro-russes, jusqu’en 2019, quand Volodymyr Zelensky est passé du jeu du petit écran à la réalité du pouvoir. Un clown, pense Poutine. L’Ukraine est à lui, c’est l’affaire de quelques jours!
Un lien historique avec la France a fait l’objet de passes d’armes à Versailles et à Senlis en 2017, entre Poutine et Porochenko. Fallait-il y voir les prémices de la guerre à venir?
Depuis trois décennies, l’Ukraine est redevenue un État indépendant et souverain, comme il le fut de manière fugace après la révolution bolchevique. Tournée résolument vers l’Europe elle doit
faire face au «grand frère» russe qui n’accepte pas ce qu’il perçoit comme une trahison.
Le conflit ukraino-russe n’est malheureusement pas le seul conflit dans le monde en 2024. On se bat dans la bande de Gaza, dans la Corne de l’Afrique, au centre de l’Afrique avec la poussée des
djihadistes et des brigades Wagner, en Birmanie, au Haut-Karabagh, sans oublier les tensions entre les deux Corées, entre Chine et Taïwan... mais c’est probablement le conflit provoqué par la
Russie qui aura le plus grand impact sur l’avenir de l’Europe, de la France, du monde.
C’est l’avenir du monde qui se joue en Ukraine, entre les démocraties occidentales et les régimes autoritaires, entre l’«Occident collectif» et le «Sud global» ou «Majorité mondiale» pour
reprendre les termes du Kremlin.
La conférence "Le progrès a-t-il un avenir?" par Emmanuel Jardin, Professeur de philosophie
au lycée de Pamiers, formateur à l'INSPÉ de Toulouse, a eu lieu le mercredi 11
septembre 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
Elle sera précédée de l'assemblée générale de l'association à 18h30.
"On n’arrête pas le progrès", tout le monde connaît cette expression populaire mi-fataliste, mi-ironique qui laisse entendre que le développement des sciences et des techniques serait aussi inéluctable que parfois dérisoire. Comme si nous étions pris dans un mouvement dont le sens nous échappe alors même que nous en sommes collectivement les acteurs. Et pourtant, le progressisme demeure une valeur dominante de nos sociétés. Chacun aspire à ce que le développement du génie humain nous assure des lendemains toujours meilleurs.
Mais force est de constater que nombreux sont ceux qui en viennent à douter que le développement continue des sciences et techniques, stimulé par l’économie marchande et le désir frénétique de consommation, dessine dans son horizon un monde meilleur. S’impose ainsi le sentiment grandissant que si l’on "n’arrête pas le progrès" c’est parce qu’il tend à prendre la forme d’un processus à la fois autonome et sans fin, c’est-à-dire sans terme et sans but, dont nous peinons à saisir le sens et surtout la valeur.
Mais qu’est-ce le progrès? Un mouvement, un développement, une amélioration? Est-il un fait constatable ou une valeur à promouvoir? Une réalité tangible, un mythe ou, pire encore, une illusion
dont il faudrait se défaire?
C’est ce que je m’efforcerai d’établir dans cette conférence en essayant tout d’abord d’éclaircir cette notion. Je m’attacherai ensuite à montrer comment le progrès est devenu le mythe central de
la modernité au point de devenir une véritable religion à laquelle le cruel 20e siècle semble avoir apporté un sanglant démenti. Malgré cela, nous verrons que tel un phénix, le mythe s’efforce de
renaître de ses cendres en ce début de 21e siècle. Cela nous conduira à nous demander en conclusion à quelles conditions nous pourrions encore penser la possibilité d’un progrès au-delà du mythe
du Progrès. En bref, à la lumière de l’histoire de l’idée de progrès nous demanderons si celui-ci peut encore avoir un avenir.
La conférence "L'agroécologie" par Marc Dufumier, Ingénieur agronome, Docteur en géographie et Professeur honoraire
d'agriculture comparée à AgroParisTech, a eu lieu le mercredi 5 juin 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul
Riquet.
La transition agroécologique pour nourrir correctement et durablement l'humanité toute entière.
Il nous faut faire en sorte que tout le monde puisse avoir accès à des rations équilibrées en glucides, protéines, minéraux, vitamines, fibres, antioxydants, sans apport exagéré de sel, sucres et
acides gras saturés. Et s'assurer de surcroît que chacun des ingrédients fournis par les agriculteurs soit dépourvu de molécules toxiques: sans hormones dans le lait, sans antibiotiques dans la
viande et sans résidus pesticides dans les céréales, les fruits et les légumes. À quoi s'ajoute aussi le défi de ne plus engendrer de pollutions majeures dans notre environnement, de s'adapter au
dérèglement climatique en cours, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de séquestrer du carbone dans la biomasse et dans les sols, et de n'occasionner aucun dommage pour les
générations futures: pas de dégradation des sols, pas de surmortalité des pollinisateurs, pas d'érosion de la biodiversité domestique et sauvage.
Fort heureusement, il existe d'ores et déjà des pratiques agricoles capables de répondre à ces enjeux. Économes en énergies fossiles, ces formes d'agricultures artisanales sont par contre souvent
très exigeantes en travail. Il nous faut donc tout faire pour que les paysans puissent être correctement rétribués, non seulement pour la qualité de leurs produits, mais aussi pour leurs services
environnementaux d'intérêt général. Quitte à ce que le paiement soit assuré par les contribuables et non pas par les seuls consommateurs. Un défi hautement politique!
La conférence "Qu'est-ce qu'une crise?" par Éric Lowen, a eu
lieu le mercredi 15 mai 2024
à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
Il est devenu habituel pour penser notre actualité et l’évolution de nos sociétés contemporaines, qu’elle soit économique, sanitaire ou politique, d’utiliser la notion de “crise”. L’emploi du mot “crise” est banalisé, ce qui amène à l’utiliser dans de nombreuses situations. Pourtant, cette notion est assez récente au point de vue de l’histoire des idées, liée à notre modernité historique.
Il convient donc de s’interroger sur la notion même de “crise” qui nous sert à penser les crises.
Qu’est-ce qu’une crise? Tout changement est-il une crise? Une crise est-elle un fait factuel ou liée à notre manière d’imaginer les événements?