La conférence "Le progrès a-t-il un avenir?" par Emmanuel Jardin, Professeur de philosophie
au lycée de Pamiers, formateur à l'INSPÉ de Toulouse, a eu lieu le mercredi 11
septembre 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
Elle sera précédée de l'assemblée générale de l'association à 18h30.
"On n’arrête pas le progrès", tout le monde connaît cette expression populaire mi-fataliste, mi-ironique qui laisse entendre que le développement des sciences et des techniques serait aussi inéluctable que parfois dérisoire. Comme si nous étions pris dans un mouvement dont le sens nous échappe alors même que nous en sommes collectivement les acteurs. Et pourtant, le progressisme demeure une valeur dominante de nos sociétés. Chacun aspire à ce que le développement du génie humain nous assure des lendemains toujours meilleurs.
Mais force est de constater que nombreux sont ceux qui en viennent à douter que le développement continue des sciences et techniques, stimulé par l’économie marchande et le désir frénétique de consommation, dessine dans son horizon un monde meilleur. S’impose ainsi le sentiment grandissant que si l’on "n’arrête pas le progrès" c’est parce qu’il tend à prendre la forme d’un processus à la fois autonome et sans fin, c’est-à-dire sans terme et sans but, dont nous peinons à saisir le sens et surtout la valeur.
Mais qu’est-ce le progrès? Un mouvement, un développement, une amélioration? Est-il un fait constatable ou une valeur à promouvoir? Une réalité tangible, un mythe ou, pire encore, une illusion
dont il faudrait se défaire?
C’est ce que je m’efforcerai d’établir dans cette conférence en essayant tout d’abord d’éclaircir cette notion. Je m’attacherai ensuite à montrer comment le progrès est devenu le mythe central de
la modernité au point de devenir une véritable religion à laquelle le cruel 20e siècle semble avoir apporté un sanglant démenti. Malgré cela, nous verrons que tel un phénix, le mythe s’efforce de
renaître de ses cendres en ce début de 21e siècle. Cela nous conduira à nous demander en conclusion à quelles conditions nous pourrions encore penser la possibilité d’un progrès au-delà du mythe
du Progrès. En bref, à la lumière de l’histoire de l’idée de progrès nous demanderons si celui-ci peut encore avoir un avenir.