La conférence "En ces temps de guerre, comprendre l'Ukraine" par Georges Bringuier, Inspecteur honoraire de l’Éducation nationale, auteur d’essais et de biographies, a eu lieu le mercredi 2 octobre 2024 à 20h, à l'amphithéâtre du Lycée agricole Pierre Paul Riquet.
Voilà plus de deux ans et demi qu’a débuté le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Le 24 février 2022 l’armée russe entrait en Ukraine. L’impensable était commis. Comment en est-on arrivé
là?
Mieux connaître l’Ukraine, son histoire, sa géopolitique, permet de comprendre le sens de cette terrible guerre et d’en identifier les causes. Au cours de son histoire, l’Ukraine a subi maintes
dominations, tant de la Pologne que de la Russie, mais elle n’a jamais cessé d’être une nation.
En matière d’historiographie, la difficulté tient au fait que les historiens russes, notamment du temps de l’URSS et les historiens ukrainiens, en particulier depuis trois décennies, depuis
l’indépendance, ne racontent pas tout à fait la même histoire. La version russe, qu’elle soit impériale, soviétique ou post-soviétique, est perçue comme la version historiquement vraie et la
version ukrainienne, qui s’écarte de la précédente, est discréditée et présentée comme «nationaliste». Le récit historique ukrainien dérange le récit historique russe, ce à quoi le président
Poutine veut remédier. Deux évènements, Maïdan 1 en 2004 et Maïdan 2 en 2014, sont des marqueurs de l’histoire contemporaine avec une alternance de gouvernements pro-européens et de gouvernements
pro-russes, jusqu’en 2019, quand Volodymyr Zelensky est passé du jeu du petit écran à la réalité du pouvoir. Un clown, pense Poutine. L’Ukraine est à lui, c’est l’affaire de quelques jours!
Un lien historique avec la France a fait l’objet de passes d’armes à Versailles et à Senlis en 2017, entre Poutine et Porochenko. Fallait-il y voir les prémices de la guerre à venir?
Depuis trois décennies, l’Ukraine est redevenue un État indépendant et souverain, comme il le fut de manière fugace après la révolution bolchevique. Tournée résolument vers l’Europe elle doit
faire face au «grand frère» russe qui n’accepte pas ce qu’il perçoit comme une trahison.
Le conflit ukraino-russe n’est malheureusement pas le seul conflit dans le monde en 2024. On se bat dans la bande de Gaza, dans la Corne de l’Afrique, au centre de l’Afrique avec la poussée des
djihadistes et des brigades Wagner, en Birmanie, au Haut-Karabagh, sans oublier les tensions entre les deux Corées, entre Chine et Taïwan... mais c’est probablement le conflit provoqué par la
Russie qui aura le plus grand impact sur l’avenir de l’Europe, de la France, du monde.
C’est l’avenir du monde qui se joue en Ukraine, entre les démocraties occidentales et les régimes autoritaires, entre l’«Occident collectif» et le «Sud global» ou «Majorité mondiale» pour
reprendre les termes du Kremlin.